Les Vitraux
Allez-y au printemps; tout ici est musique fraîche, limpide, d'une joie si profonde qu'elle rejoint les domaines les plus secrets de l'être. Châtillens, c'est du Mozart.
Vio Martin
Son portail franchi, l'impression d'harmonie déjà ressentie à la vue de ce simple sanctuaire entouré de son décor champêtre, se retrouve plus intense encore dès que les yeux, accoutumés à la pénombre de l'intérieur, en découvrent toute la beauté.
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Une lumière colorée et chaleureuse descend des vitraux du peintre-verrier Louis Rivier (1885-1963), artiste vaudois profondément attaché aux valeurs religieuses. Dans son oeuvre la nature est toujours présente, les fleurs accompagnent et mettent en valeur chaque représentation. Richard Heyd qui dans son livre "Rivier" raconte l'enfance de l'artiste et l'amour qu'il porte à la nature, écrit: "Des roses blanches, des clématites et des liserons animaient chaque recoin et tapissaient les murs de la maison. De tout ceci, l'enfant se souviendra, et ses préférences iront, au long de sa vie, à ces fleurs auxquelles se joignent zinnias et reines-marguerites". |
Nos prédécesseurs ont voulu que leur église soit belle et c'est avec générosité que pendant les années 1913-1914, lors des travaux de restauration, ils ont participé à son embellissement. Pour la pose des vitraux une souscription spéciale fut ouverte. Le remplacement des vitres à carreaux des fenêtres représentait une somme importante à trouver. La souscription n'en récolta qu'une partie, ainsi le beau vitrail qui décore la petite chapelle latérale fut offert par deux soeurs: Mlle Vuagniaux et Mme Favre. |
Marius et Paul Demiéville sont nés à Châtillens dans la belle maison qui appartient aujourd'hui à M. et Mme Ernest Schaerer (1). Leur père était receveur de l'Etat et leur mère Thalie était la soeur de Charles Pasche, auteur de "La Contrée d'Oron". Marius fit une carrière commerciale en France et fut le président du Comité central suisse de secours créé à Paris en 1914. Il resta très attaché à l'école de son village à laquelle il facilita l'acquisition de matériel d'enseignement et l'organisation de nombreuses courses d'études. Après sa mort survenue en 1916, la Municipalité recevra son dernier don, le fameux tableau du Major Davel peint d'après l'oeuvre de Gleyre. Selon le désir de M. Demiéville, il sera placé "à l'angle de la grande salle d'école", aujourd'hui la classe de Mme Kissling (2) (3). Le Dr Paul Demiéville, établi à Lausanne, y institua dès 1885 et pour la première fois une consultation gratuite. Il fut l'un des médecins fondateurs du Dispensaire central qui s'ouvrit à Pépinet en 1887, et devint par la suite professeur et directeur de la Policlinique universitaire de Lausanne. Décédé en 1947 à l'âge de 92 ans, il laissa l'image d'un homme de science qui passa toute sa vie au service d'autrui. Louis Rivier dira à Marius et Paul Demiéville toute sa reconnaissance "pour avoir si généreusement permis la création d'un ensemble homogène; c'est rare qu'un artiste ait l'occasion de faire tous les vitraux d'une même église et de réaliser ainsi, un tout". |
Elisa Rossier
(1) Actuellement propriété de Pierre Veya.
(2) Salle de classe du rez-de-chaussée du collège de Châtillens.
(3) Le tableau a ensuite été offert à l'Etat de Vaud par la Municipalité de la Commune d'Oron.
Tiré des articles parus dans "Le Courrier" d'Oron-la-Ville du 12 avril 1990, écrits par Elisa Rossier de Châtillens.
Photos : Gérald Wist
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